Pourquoi la relation entre Kylian Mbappé et Luis Enrique est compliquée
Depuis l’annonce en interne de son départ, les rapports entre l’attaquant et l’entraîneur se sont tendus. Explications.
- Publié le 10-04-2024 à 10h08
La main devant la bouche de l’un pour éviter l’œil des experts en lecture labiale. Le visage fermé et les sourcils froncés de l’autre. La scène captée par les caméras de Canal + après le triste nul de Paris SG face à Clermont ce samedi s’est inscrite comme un nouvel épisode de la relation tortueuse entre Luis Enrique et Kylian Mbappé. Une série où le moindre petit rebondissement est scruté au microscope quitte à être surinterprété mais qui souligne aussi en creux des rapports qui conditionnent forcément et fortement la fin de saison du PSG.
L’Espagnol est le sixième entraîneur en club du Français, le cinquième et sans doute dernier de sa vie parisienne qui a basculé le 13 février dernier quand son intention de ne pas prolonger à Paris a été annoncée dans les médias français. Et cette situation contractuelle a servi de fil rouge à la saison parisienne mais aussi à la relation entre les deux hommes. Dès cet été.
Fin juillet, Mbappé s’est retrouvé mis au placard trois semaines. Un cas évidemment délicat à gérer pour lui. Mais aussi pour son entraîneur qui a marché avec justesse sur un fil entre d’un côté la gestion de sa star qui a apprécié la franchise de son coach et de l’autre les choix de sa direction heureuse de voir son entraîneur respecté ses engagements.
Habile dans ce numéro d’équilibriste, l’Asturien a très vite utilisé le crack quand il en a eu l’occasion. Avec un premier match à Toulouse le 19 août et un but 11 minutes après son entrée. Dans son esprit, le plan est simple : placer le capitaine des Bleus dans sa zone préférentielle, quitte à l’épargner dans ce travail de repli où il ne brille pas.
Un premier trait de fracture aurait pu apparaître durant l’automne. Après le triplé de l’attaquant à Reims le 11 novembre, Enrique n’a pas hésité à le critiquer : “Je ne suis pas très content de Kylian aujourd’hui. Sur les buts, je n’ai rien à dire. Mais je pense qu’il peut aider l’équipe plus. On pense que c’est un des meilleurs joueurs du monde, il n’y a pas de débat là-dessus. Mais on a besoin de plus et on veut de lui qu’il fasse plus de choses.”
En privé, le principal intéressé a apprécié ce haut degré d’exigence. Il a moins goûté le choix de ne pas pousser à Dortmund pour arracher la première place du groupe en Ligue des champions le 13 décembre ou à son positionnement en pointe cet hiver.
Tôt ou tard quand ça arrivera, on doit s’habituer à jouer sans Kylian.
Entre ces deux grosses personnalités, la donne a donc changé à la mi-février. Mbappé qui affichait 96 % de temps de jeu (87 minutes de moyenne par match) a vu ce ratio tomber à 67 % (60 minutes de moyenne par match) sans que son efficacité soit altérée puisque, avant comme après le 13 février, il est resté décisif toutes les 67 minutes. Aux actes de moins le faire jouer ont suivi les paroles. Quand, en janvier, Enrique expliquait que “quand Kylian veut jouer, on n’a pas grand-chose à dire. On peut juste le regarder jouer, le staff et le public”, sa prise de parole après les matchs à Nantes et contre Rennes où le Bondynois n’a joué que 28 et 65 minutes a marqué un profond revirement. Parce que pour son coach : “Tôt ou tard quand ça arrivera, on doit s’habituer à jouer sans Kylian. Quand je voudrai le faire jouer, je le ferai. Quand ce ne sera pas le cas, même chose.”
Ce basculement a connu son point d’orgue avec ce remplacement à la mi-temps à Monaco le 1er mars dernier qui a poussé Mbappé à solliciter une discussion en tête à tête avec son coach. Que se sont-ils dit ? En substance, le joueur a eu la garantie qu’il jouerait les gros matchs. Moins les petits. Ce qui s’est vérifié puisqu’il a été déterminant sur le terrain de la Real Sociedad avec son doublé et n’a pas manqué une minute en Coupe. Quand son utilisation a été plus parcimonieuse dans un championnat quasiment plié, même contre Marseille. Avec une nouvelle polémique lors de sa sortie et ses insultes de dépit qui ont suivi pour un changement moyennement apprécié par l’entourage du joueur.
Si Enrique a profité de cette séquence pour affirmer son autorité en incluant sa star dans sa politique de rotation de son effectif, confirmant aussi qu’il n’avait peur de rien, ni de personne pour en faire un joueur presque comme les autres, il sait aussi toute l’importance de son meilleur buteur. Encore plus face à Barcelone.